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Pourquoi nous n'arrivons plus à nous concentrer
Pourquoi nous n'arrivons plus à nous concentrer

24 Heures

time30-07-2025

  • Science
  • 24 Heures

Pourquoi nous n'arrivons plus à nous concentrer

Société numérique – Pourquoi nous n'arrivons plus à nous concentrer Impossible de finir un livre ou de regarder un film sans consulter son téléphone? Une neuroscientifique propose des solutions pour reconquérir notre attention. Philipp Loser , Jacqueline Büchi Collage: Michael Treuthardt. Photos: Getty Images Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : La capacité de concentration est en baisse chez de nombreuses personnes. L'usage intensif des réseaux sociaux contribue à ce phénomène. Le scrolling passif active dans le cerveau des mécanismes comparables à ceux observés chez les personnes dépendantes. Le cerveau peut retrouver presque toutes ses capacités, à condition d'être correctement entraîné. Testez votre capacité d'attention et de concentration à l'aide de ce simple test. Choisissez un film datant de plus de vingt ans, lancez-le et observez votre comportement. Êtes-vous capable de rester concentré pendant tout le générique sans toucher à votre téléphone? Prenons «Heat», un thriller de 1995 avec Al Pacino et Robert De Niro, chef-d'œuvre du cinéma de tension. Pendant les deux minutes et quarante secondes d'ouverture du film, on ne voit que le nom des acteurs principaux et un tramway qui entre en gare. Aujourd'hui, c'est presque insupportable. Et pourtant, à l'époque, c'était parfaitement normal. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos L'évolution du cinéma illustre bien à quel point notre capacité d'attention s'est raccourcie. L'average shot length, c'est-à-dire la durée moyenne entre deux plans, témoigne de l'évolution de nos habitudes de visionnage. Et cette tendance ne se limite pas aux films. Des personnes autrefois lectrices assidues n'arrivent plus à finir un livre. Des amateurs de musique passent d'un morceau à l'autre sans pouvoir écouter un concert complet. Plus largement, beaucoup peinent à garder les idées claires ou à mener une pensée jusqu'au bout. Il suffit d'en parler autour de soi, tout le monde est concerné. Mais ces observations sont-elles vraiment significatives? Sommes-nous vraiment devenus moins attentifs qu'avant, ou s'agit-il seulement d'une impression? Concentration en baisse Barbara Studer est neuroscientifique à l'Université de Berne et fondatrice de la spin-off universitaire Hirncoach, qui propose des programmes pour favoriser la santé mentale. Pour elle, il est clair que ces témoignages ne sont pas des cas isolés. «La capacité de concentration de notre société s'est globalement détériorée», affirme-t-elle, en s'appuyant sur plusieurs études issues des neurosciences comportementales. La recherche sur le sujet en est encore à ses débuts. Mais les tests comportementaux révèlent que les gens ont de plus en plus de peine à rester concentrés sur une tâche. Ils abandonnent plus vite, commettent davantage d'erreurs et ont besoin de plus de temps pour terminer leur travail. «La capacité de concentration de notre société s'est globalement détériorée», affirme Barbara Studer. PD La mesure de l'activité cérébrale a permis de mettre en évidence des causes concrètes à ce changement. «Chez de nombreuses personnes, certains réseaux neuronaux liés à l'attention sont aujourd'hui moins développés qu'autrefois», explique Barbara Studer. «Le cerveau doit dépenser plus d'énergie pour fournir le même effort de concentration.» Ce phénomène touche les jeunes, mais aussi les personnes d'âge moyen. Il est particulièrement marqué chez ceux qui passent beaucoup de temps sur les écrans. Ce qui nous amène à un point central du débat sur l'attention: le rôle des smartphones et des réseaux sociaux. Pour Barbara Studer, le scroll et le swipe permanents ne suffisent pas à expliquer, à eux seuls, les difficultés de concentration. Mais ils jouent un rôle majeur. Récompense continue La scientifique explique: «Le cerveau n'est pas conçu pour être interrompu sans cesse dans son fonctionnement et exposé à une stimulation continue.» Dans la nature, une expérience gratifiante est généralement suivie d'une phase de repos. À l'inverse, lorsqu'on fait défiler les fils d'actualité sur les réseaux sociaux, notre système de récompense reste activé en continu. Le cerveau libère alors sans interruption de la dopamine, l'hormone du plaisir immédiat. «Dans le cerveau, on observe un schéma comparable à celui observé chez les personnes dépendantes», précise Barbara Studer. Les développeurs ont programmé leurs algorithmes de façon à retenir notre attention. «Plus nous restons longtemps sur leurs contenus, et plus ces plateformes gagnent de l'argent», ajoute-t-elle. Limites de l'autodiscipline «Vous pouvez essayer d'avoir de l'autodiscipline, mais de l'autre côté de l'écran, un millier d'ingénieurs travaillent contre vous», a résumé Tristan Harris, ancien employé de Google, lors d'une audition devant le Sénat américain. Tristan Harris est convaincu que, sous leur forme actuelle, les réseaux sociaux portent préjudice aux êtres humains. Getty Images via AFP Cette citation est tirée du livre «Stolen Focus» de Johann Hari. Dans cet ouvrage, l'auteur américain arrive à une conclusion très proche de celle de Barbara Studer. Notre capacité d'attention est en déclin, et avec elle, la faculté de nous concentrer suffisamment longtemps sur un problème pour pouvoir le résoudre. Selon Barbara Studer, le fait que nous ayons tant de mal à nous détacher des écrans a d'autres conséquences. Nous faisons en moyenne moins d'exercice et dormons moins bien. Ces deux tendances affectent à leur tour notre bien-être mental et notre capacité de concentration. Mais la chercheuse nuance: «Il est trop simple de rendre le smartphone seul responsable de la baisse de l'attention. Mais il favorise d'autres facteurs qui nuisent à la concentration.» Vitesse et stimulations intenses Que les films deviennent de plus en plus rapides et que les intros des chansons soient plus courtes n'a rien d'étonnant, selon Barbara Studer. «La vitesse et les stimulations intenses nous procurent une forme d'euphorie.» Le cerveau s'adapte progressivement à ces nouveaux rythmes, un phénomène que l'on appelle la neuroplasticité. Cette évolution a commencé bien avant l'arrivée du smartphone. Mais aujourd'hui, comme les médias, les réseaux sociaux ou encore les réalisateurs comprennent de mieux en mieux les mécanismes de l'attention, notre quotidien semble toujours plus rapide. «TikTok en est l'exemple parfait: on ne reste jamais longtemps sur un contenu, chaque vidéo promet une nouvelle récompense», souligne Barbara Studer. Cette accélération entraîne automatiquement un traitement plus superficiel des informations par le cerveau, explique-t-elle. Les techniques modernes d'imagerie cérébrale le confirment. Le «muscle de l'endurance mentale», appelé cortex cingulaire antérieur, est moins développé chez les personnes qui pratiquent régulièrement le multitâche ou qui passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. «Elles perdent peu à peu la capacité à rester concentrées sur une seule tâche pendant une durée prolongée», conclut-elle. Comment nous pouvons agir Mais Barbara Studer ne veut pas être alarmiste. Elle ne diabolise pas les technologies modernes et ne pense pas non plus que notre société est condamnée à devenir de plus en plus superficielle. «J'aime mon métier, car il est porteur d'espoir. Le cerveau peut retrouver presque toutes ses capacités, à condition d'être correctement entraîné.» Selon elle, de simples ajustements dans le quotidien peuvent déjà aider à mieux utiliser les écrans: S'accorder des moments sans son téléphone. «Par exemple, pendant la première heure après le réveil, lors des périodes de travail où l'on doit être particulièrement concentré, durant les repas en famille ou encore deux heures avant le coucher.» Elle ajoute que les dimanches sans smartphone ont également été très bénéfiques pour elle. Prévoir une alternative concrète à l'utilisation du téléphone. «Quand je suis fatiguée et que je m'allonge sur le canapé, j'ai tendance à scroller de manière passive. Je préfère donc prévoir une activité. Jouer du piano ou sortir avec quelqu'un, par exemple.» Accompagner les plus jeunes. Pour elle, il est essentiel que les parents accompagnent leurs enfants dans cette démarche. «L'adolescence est une période particulièrement sensible, car c'est là que se construisent les bases de la pensée, des émotions et de l'apprentissage pour la vie adulte.» Comprendre que la manière d'utiliser les nouvelles technologies a plus d'importance que le temps passé devant les écrans. Le scrolling passif a tendance à anesthésier le cerveau, tandis qu'un usage actif peut au contraire stimuler la réflexion. Les utilisateurs qui s'inspirent consciemment de quelques contenus, qui les traitent en profondeur et qui les appliquent dans la vie réelle peuvent en tirer un réel bénéfice. Même une activité comme le codage assisté par l'intelligence artificielle peut, selon elle, activer des processus créatifs dans le cerveau. Trouver une manière de mieux gérer la problématique de l'attention est un enjeu essentiel à l'échelle de la société. «Il n'y a pas de solutions simples à des problèmes comme le changement climatique. Ils exigent une véritable réflexion et beaucoup de discipline.» Autant de compétences qui ne sont pas innées, mais qu'il faut entraîner consciemment. Et peut-être qu'un jour, une fois notre concentration récupérée, on parviendra à nouveau à regarder sans interruption les quinze premières minutes de «Heat». Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Plus d'infos Jacqueline Büchi est journaliste pour la rubrique suisse. Ses reportages portent principalement sur la politique de la santé et de la société. Elle a débuté en 2008 en tant que journaliste radio et a depuis occupé différents postes dans les médias en Suisse et à l'étranger. Plus d'infos @j_buechi Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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